à Propos


Philippe Lefebvre

 

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SUITE…

Actes des Apôtres 1, 11
Éphésiens 1, 17-23
Matthieu 28, 16-20
Le Fils dans la nuée
Départ ?
Jésus part. Le verbe partir, nous savons ce qu'il signifie. Mais si le sujet du verbe est "Jésus ressuscité", alors le sens du verbe se modifie. Il y a désormais de la résurrection dans le sens des mots. "Jésus ressuscité part" : le verbe partir ne peut plus tout à fait exprimer, comme avant, le fait de quitter, d'abandonner les siens, d'être désormais absent. Jésus n'est pas un dieu pervers qui nous assurerait de sa résurrection, tout en nous disant au bout de quelque temps que cela finalement ne change pas grand-chose parce qu'il s'en va et que nous n'avons qu'à nous débrouiller tout seuls.
 
"Il reviendra comme vous l'avez vu s'en aller au ciel" disent les deux hommes en blanc aux apôtres, en cette première page des Actes (Actes 1, 11). Justement : comment l'ont-ils vu s'en aller ? Il a été enlevé en annonçant la venue de l'Esprit : "Vous recevrez la force du saint Esprit qui viendra sur vous". Les Actes des Apôtres, œuvre de Luc, commencent comme l'évangile du même auteur : "L'Esprit saint viendra sur toi et la force du Très-Haut te prendra sous son ombre" dit l’ange à Marie (Luc 1, 35). Même annonce déjà de la venue de l'Esprit. Dans quel but en ce qui concerne Marie ? Pour engendrer un Fils en elle. Dans quel but en ce qui concerne les disciples ? Pour qu’ils soient engendrés comme fils du Père, avec le Fils Jésus, en Lui et par Lui.

Nuée

Jésus-Christ part comme celui qui est extérieur à moi, pour venir à l’intérieur de moi, de nous. Une nuée l'a emmené. La nuée dans l'Exode n'est pas du tout une réalité qui sert à kidnapper les gens, elle produit exactement l’effet contraire. À la fin du Livre de l'Exode, on dit en effet, quand Moïse a terminé de bâtir le tabernacle : "la nuée prit le sanctuaire sous son ombre" (Exode 40, 35) : Dieu marque ainsi que d'une manière mystérieuse et très concrète, il vient habiter parmi les siens ; il plante sa tente parmi nous. Au début de l'évangile, nous venons de le dire, "la force du Très-Haut va prendre Marie sous son ombre" (Luc 1, 35) : Dieu indique par ces mots qu'il va s'installer mystérieusement en Marie et agir en elle-même, très concrètement : un Fils va être conçu, le Fils du Très-Haut, selon les paroles du même ange (Luc 1, 3 2). Jésus est emporté aujourd'hui dans la nuée : il manifeste de manière mystérieuse et très concrète qu'il va désormais habiter parmi son peuple. La nuée est le moyen traditionnel dans l'Écriture pour signaler que le Dieu Très-Haut vient parmi les siens. C'est un nuage parce qu'un nuage se déverse en pluie. La nuée qui prend Jésus ne l'enlève pas au sens où elle le retirerait désormais de la circulation, mais elle vient pour assurer le mouvement inverse : elle porte le Christ pour le déverser parmi son peuple, pour faire en sorte qu'il plante sa tente parmi nous, en nous, que son sanctuaire soit la chair de chacun. Jésus monte pour être reversé, déversé, en ceux qui l'accueillent.

La Personne libre

Versé en nous ? Mais, dira-t-on, il est quand même assis à la droite du Père (Lettre aux Éphésiens 1, 20). C'est que le parcours de Jésus n'est pas un circuit fermé, à usage interne, comme s'il ressuscitait, puis disparaissait parmi nous en nous donnant sa force. Il est le Fils qui témoigne que le Père glorifie sa chair à chaque instant et pour toujours. Le Christ en gloire donne sa norme à la chair, à notre chair. Il ne vient pas parmi nous et en nous comme une substance recyclée, un surplus de consistance qui nous serait alloué. Il se déverse en nous, depuis la nuée, comme le Fils qui tient sa gloire du Père. De la nuée ne sort pas en effet de la force anonyme, accordée en vrac. De la nuée sort le Fils du Père qui vient formater tous ceux qui le reçoivent à la dignité de sa chair. Une Personne qui fait de nous des personnes.

Et ce régime de la personne qu'il institue est celui de la liberté : une Personne est un être sur lequel on ne peut mettre la main, que l'on ne peut assujettir. Le Fils monté à la droite du Père manifeste ce règne de la Personne sur laquelle nul n'a pouvoir. Pour reprendre la réalité du tabernacle, la Personne de Dieu vit dans le Saint des saints. Cette partie intouchable du sanctuaire est le ciel sur la terre. Le Dieu personnel, qui est totalement présent au milieu des siens et échappe totalement à toute mainmise, rend semblables à lui tous ceux chez qui il vient.

Tel est le ciel : non la zone mythologique de l'en-haut inaccessible, mais le lieu où la personne évolue dans sa dignité divine. « Tout pouvoir a été donné au Christ sur terre et dans le ciel » (Matthieu 28, 18) : partout où il se trouve, à la droite du Père et en nous, il règne et nous régnons avec lui. « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre et l'esprit du Seigneur planait sur les eaux » (Genèse 1, 1-2). Tout est accompli en ces temps où les mots du commencement prennent tout leur sens.

Philippe Lefebvre 05 08

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