à Propos


Viviane de Montalembert


M. et Mme Obama 01 09

Le phénomène Obama 12 08

Devoirs de mémoire 03 08

Mais où est donc passée la liberté ? 11 07

"Juste-parmi-les-nations" 01 07

Fantômette à l'Élysée 10 06

SUITE… 

 

 

 
  
Le phénomène Obama
 
 
D’un bout à l’autre du monde, on a vu des foules d’hommes et de femmes applaudir à l’élection de Barack Obama, le nouveau président de États Unis ; les mêmes qui avaient tremblé des jours et des semaines auparavant, à l’idée qu’il puisse être perdant. On a vu des pauvres et des riches s’émouvoir ensemble, des noirs et des blancs, des conservateurs et des libéraux, des intellectuels et des pauvres gens. Sur toute la planète, on a vu des visages s’illuminer à l’annonce des résultats. L’apparition d’un tel messie sur fond de crise économique est un spectacle de fin du monde qui ne peut nous laisser indifférents.

On a parlé d’une élection historique. Est-ce parce qu’Obama est un "noir" — chez nous un "métisse" ? Mais alors pourquoi cette élection a-t-elle réjoui, autant que des noirs, tant de blancs ou d’asiatiques ? Parce qu’il est intelligent et cultivé, le mieux apte à résoudre les problèmes économiques de l’Amérique ? Mais cela ne suffirait pas à emporter le cœur des français, des espagnols ou des allemands, dans les banlieues comme dans les centre-villes. Parce qu’il se montre attentif à la situation des pauvres dans le monde ? Mais chacun sait bien que les décisions d’un seul homme, fut-il le dirigeant de la plus grande nation, sont impuissantes à éradiquer la misère et la faim qui gangrènent la planète.

Qu’est-ce donc qui a poussé tant de chinois et d’africains, d’allemands et de brésiliens à danser et s’embrasser dans les rues en ces jours-là ? La raison en est si peu concevable que des voix très vite se sont élevées pour prédire la déception à la hauteur de l’espoir suscité. Comme s’il fallait chercher dans la quête concertée de profits particuliers l’origine de ce bonheur partagé. C’était ignorer la distance qui sépare l’espoir, campé dans le futur comme la déception l'est dans le passé, du bonheur qui, lui, ne se vit qu’au présent.
 
"Qu'êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent ?" (Mt 11, 7), demandait Jésus aux foules accourues à l’appel de Jean-Baptiste. Eux aussi, ils étaient allés voir un homme. Mais, voir un homme, est-ce donc un spectacle si rare, qu’il suscite un tel intérêt ? Jean-Baptiste était un homme qui disait aux gens la vérité ; ce qu’on peut appeler un homme vrai ; un homme dont la voix sourd du désert jusqu’à ne plus entendre qu’elle ; un homme qui peu à peu paraît.

Qu’ont-ils vu, ceux qui se sont passionnés pour l’élection de cet homme, Barack Obama, à la Maison Blanche ? Je ne parle pas ici de ceux qui ont cédé à l’attrait de la nouveauté et l’ont suivi par un effet de mode, mais de ceux qui ont cru voir en lui un homme tout simplement — un homme dont l’histoire s’est d’abord tissée dans l’ombre, fondée sur des choix souvent audacieux ; un homme à la carrière improbable, qui s’est apparu à lui-même comme il est apparu au monde, dans l’étonnement d’une condition qui ne l’y avait pas véritablement préparé.

"Qu'êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et plus qu'un prophète [… ] cependant le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui" (Mt 11, 9. 11). C’est cela le phénomène Obama, ce retournement : à l’occasion d’un seul visage, des millions d’autres visages d’un coup sont apparus ; des gens qui, du fait de leur condition sociale ou de leur couleur de peau, se savaient rejetés ou méprisés et dont les visages soudain se sont éclairés ; d’autres encore, qui se sont sentis magnifiés de reconnaître en lui les traits d’un homme qui leur ressemblerait.

Les foules peuvent s’assembler sur de multiples causes. Mais lorsque le rassemblement se fait sur la figure d’un homme, plus qu’un événement c’est un avènement, un Avent. Car la célébration de l’Avent et sa pressante supplication — "Viens, Seigneur Jésus, Viens !" — ne se limitent pas à l’attente de la naissance de Jésus à Noël, mais c’est à longueur d’année que l’Église scrute chaque visage d’homme, espérant y reconnaître les traits du visage du Christ… jusqu’au dernier jour où il sera enfin tout en tous.

Viviane de Montalembert 12 08

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