Viviane de Montalembert

 

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SUITE… 

 

 

 
 
M. et Mme Obama, une nouvelle figure de couple
 

 

- en trois tableaux -

 
CE QUI SURPREND CHEZ LES OBAMA, mari et femme, c’est qu’ils soient à ce point égaux : grands tous les deux, ils ont l’un et l’autre du caractère et les mêmes diplômes. « Comment peuvent-ils s’accorder ? » se demande alors le péquin moyen qui fonde la relation toujours dans la rivalité et ne conçoit le couple que dans un rapport de force (ou de complémentarité, ce qui revient au même) où chacun peut à l’aise se vanter d’avoir les qualités que l’autre n’a pas.
 
Celui-là ne sait pas que le couple ne naît pas de l’équilibre des rôles équitablement partagés. Il surgit dans l’instant, d’un geste, d’un regard, d’un sourire. Il procède d’une rencontre, toujours neuve. Pas d’infériorité ni de supériorité dans le rapport de l’un à l’autre, et pas non plus de manque. La rencontre d’un homme et d’une femme n’est pas d’avance définie, c’est un événement. Pour le savoir, il faut les regarder.
 
Premier tableau. À Washington le 20 janvier, sur les marches du grand escalier de pierre qui relie le Capitole à la terre ferme : un homme et une femme, puis un autre homme et une autre femme. Deux couples, le président et le vice-président des États-Unis accompagnés de leurs épouses. Première image : madame la vice-présidente, une petite femme blonde et attrayante, a glissé subrepticement sa main sous l’avant-bras de son mari et s’y est fermement agrippée. Elle est frêle et fragile ; il est souriant, un homme fiable assurément — on dit qu’il a renoncé au Affaires Étrangères pour ne pas s’éloigner d’elle trop souvent. À quelque distance sur leur droite, se tiennent Barack Obama et son épouse, Michèle. Ces deux-là semblent à la fois étonnés et contents d’être là, un peu intimidés. Arrêtés dans leur descente des escaliers pour les obligations de la photo, ils hésitent quelques secondes sur la pause à prendre. Jusque-là ils se sont donné la main, mais la station debout et immobile requiert d’eux tout à coup de leur part un nouvel agencement. Barack, avec un léger sourire à d’adresse de Michèle, fait alors le geste d’arrondir le bras dans sa direction ; et elle, sans doute peu coutumière de ce mode d’attelage, vaillamment se risque au geste complémentaire. L’image suivante nous les montre parfaitement à l’aise et triomphants, l’avant-bras de Michèle reposant tout entier sur celui de son homme ; la main, gracieuse et abandonnée, retombant de son propre poids au bout du bras.
 
Deuxième tableau. Le cortège des voitures présidentielles progresse lentement dans la Pennsylvania Avenue, vers la Maison Blanche. Puis il s’arrête. Barak et Michèle sortent de leur voiture, chacun par sa portière. Ils sont soudain à pieds, seuls dans cette immense avenue, séparés par un grand vide de la foule qui les acclament, massée au-delà les barrières, et pour laquelle ils sont là. Saisi par l’incongruité de la situation, Barack fait alors quelques pas en direction des mains tendues, dans l’espoir sans doute d’en serrer quelques unes ; puis il se ravise et semble d’un coup se résoudre à l’exercice commandé, très différent du bain de foule escompté : il doit sagement marcher au milieu du boulevard vers la Maison Blanche et ne répondre qu’à distance à la ferveur de son peuple. D’un même mouvement ils se décident alors tous les deux à marcher, Michèle et lui, dans la direction indiquée ; à l’écart l’un de l’autre dans un premier temps, chacun saluant et répondant de son mieux à l’ovation qui leur est faite. Mais bientôt imperceptiblement ils se rapprochent, et Michèle délibérément place sa main dans celle de Barack. C’est elle, cette fois qui a pris l’initiative, elle n’en démordra pas ; et quand elle se fatiguera de saluer du bras gauche, elle passera la main de Barack dans son autre main et saluera de la main droite ; mais à aucun moment, dans le reste du parcours, elle ne l’abandonnera. Ils marchent maintenant d’un pas assuré. Ils ont trouvé leur rythme et c’est comme une danse.
 
Troisième tableau. Les bals de l’investiture. Une scène. Le couple danse. Michèle porte une robe blanche. Il lui entoure la taille. Ils unissent leurs mains, et dansent. C’est comme un jour de noces, un instant tout neuf, comme une première fois. Ils s’embrassent, légèrement. Et Michèle a ce geste déjà vu plusieurs fois : elle lui tapote le dos, fermement, en signe d’assentiment. Il la regarde et n’en doute pas. Ensemble ils s’engagent dans une aventure qu’ils ne maîtrisent pas. Ils consentent.
 
Alors le monde peut commencer.
                                                                 Viviane de Montalembert 01 09
 
 
 

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