à Propos


Jean Pierre Brice Olivier


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SUITE… 

de l’art et du sacré…

Depuis les mains négatives des grottes — non-peintes, contours d’une disparition — la création artistique n’a cessé d’interroger et de s’interroger. Pendant des siècles dans la continuité l’art s’est lié à l’éternel, pouvoirs, religions et mythologies. Les modernes avec l’émergence de l’individu se sont intéressés au nouveau, à la rupture.
Aujourd’hui nous sommes dans l’éphémère, le jaillissement, le mouvement. Les technologies supléent aux techniques. Les prédicats de Dieu — universel, beau, grand… — se sont reportés sur l’art.

L’art n’est pas une description de la réalité mais une mise en représentation du réel. Un portrait, une nature, n’est pas sa photographie d’identité ! Un artiste qui veut désigner l'horreur de la violence, de la souffrance, de la mort, ne peut pas se contenter de les montrer, il doit les rendre habitables en les traversant par la vie. Considérons des œuvres comme le retable d’Issenheim ou des crucifixions, des pietà… Ces drames figurés sont traversés par la grâce. La grâce ici n’a rien à voir avec la religion ni la foi, c’est la force, le miracle de la poétique. Regardons les peintures de Picasso ou Bacon ou tant d’autres… L’art porte en lui-même son caractère sacré. Il n’y a d’art que sacré sinon ce n’est pas de l’art. Il s’agit alors de décoration, illustration, ornementation, esthétisation…

L’art est sacré parce qu’il sépare, ordonne, prononce. C’est le travail de Dieu à la Genèse, organiser le chaos, délivrer la forme — qu’elle prenne forme. Il n’y a donc pas un art sacré distinct d’un art profane. Il y art ou pas. Cependant il existe des expressions artistiques religieuses, mais la plupart — hélas — n’ont rien de sacré. C’est le cas de nombreuses propositions dans nos églises ou chapelles, aujourd’hui ou dans les siècles passés, qui ne sont pas de l’art même si elles le revendiquent. Elles se contentent d’être des images plus ou moins anecdotiques, plus ou moins sentimentales. En plus quand elles prétendent à du sens ou du contenu, elles deviennent propagande idéologique. Un objet ne détient pas son sens.

L’art sépare, il détache pareillement la création de son auteur et de celui qui la contemple. Il établit l’autonomie jusqu’à la souveraineté, de l’objet comme du sujet. Il est obligatoire de distinguer l’œuvre de celui qui la produit. L’idéal serait de tout ignorer de ce dernier. La peinture, la sculpture, la musique ou la danse n’est pas davantage sacrée parce que l’artiste est croyant ou parce qu’on la trouve dans une église, une mosquée ou un temple. Une œuvre n’est pas sacrée parce qu’elle représente une histoire religieuse, la met en musique ou en scène. Devant l’art se pose une seule question : est-ce de l’art ? Mais jamais : à quelle race, sexe ou religion appartient l’auteur, quelle est sa vie ou sa morale ?

L’art parce qu’il sépare et produit de l’autonomie crée les conditions d’une possible rencontre. C’est encore le même ouvrage que Dieu à la Genèse. Séparer pour permettre la mise en présence, écarter pour re-lier. Tout se passe entre, entre-l’œuvre-et-moi, entre-autre-et-moi.

Ne nous arrêtons pas à l’interprète ni à l’instrument, entendons la musique. Un artiste est au service de plus grand que lui : la création (peinture, danse, musique, écriture…). Dans le cas contraire, quand l’art est utilisé au service d’une personne ou d’une institution il devient idéologie, un produit stérile et pollueur, bruit, bavardage, agitation. Nous pouvons reconnaître la sincérité de ceux qui s’essaient à la création mais cela n’en fait pas un argument d’authenticité quant à leur production. On peut être dans l’erreur et sincère. Cela ne nous intéresse pas. L’œuvre seule nous importe et sa vérité, cette mise à nu qui laisse voir bien davantage que ce qu’elle montre. Il s’agit moins d’un dévoilement au sens religieux (apocalypse) que d’un “dénudement”. Mise à nu de l’œuvre qui réclame la mienne.

S’il y a révélation elle n’est pas contenue dans l’œuvre — religieuse ou non — mais peut-être dans les confidences échangées.

Jean Pierre Brice Olivier 04 06

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