à Propos


Jean Pierre Brice Olivier

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SUITE…

Mine de carême

Mon cher Célestin,

Tu me demandes comment je vais vivre ces quarante jours de carême.

Ils ne seront pas si différents des autres jours de l’année parce que déjà je vis avec Dieu pour les hommes. Bien sûr je m’associe aux décisions de ma communauté, nous ouvrons ce temps par trois jours de retraite, et nous n'aurons ni vin ni fromage sur notre table pendant le carême. Ces journées de retraite sont comme la porte du désert. Tu sais que les quarante jours du carême évoquent les quarante années du peuple Hébreux dans le désert, ainsi que les quarante jours que Jésus y a passé seul.

Il y a une relation consonante entre carême et désert. Il ne s’agit pas de se retirer dans un ailleurs désolé et vide. Pour moi le désert n’est pas un emplacement déterminé mais davantage une pratique, une connaissance. C’est un art d’esprit, et dans ce sens un lieu, ma manière d’être au monde. La création m’est donnée et j’essaye de ne pas faire main basse sur qui ou quoi que ce soit. Ne rien posséder pour n’être pas posséder. Le désert est initiation du présent, par dépouillement du passé et abandon de l’avenir. Ainsi, je me trouve situé au bon endroit.

Ne crois pas, cher Célestin que ce temps soit triste ! C’est solitude et non isolement. Là aussi, la solitude, c’est au dedans. S’installer à demeure, s’attarder en soi. Non pas dans du vide mais au contraire en présence : de soi, des autres, de Dieu, de tout… Dieu incarné en Jésus, a pris la chair de l’homme, toute sa chair. Et mon seul devoir est aussi-encore-toujours de m’incarner, d’habiter ma chair. Être-avec-Dieu chez-moi-dans-moi.

Non, Célestin, pour moi le carême n’est pas synonyme de privation ni de peine. Mon Dieu ne me demande pas de payer par de la souffrance les actes “mauvais” que j’aurais commis. Je n’achète ni ne rachète rien. C’est déjà fait, le salut m’est offert et je n’ai rien à ajouter, sinon l’accueillir. Pour l’Église ces renoncements servent la maîtrise de soi et surtout la communion avec une part de l’humanité qui souffre. S’il y a effort ou privation, c’est pour plus… pour autre… L’ascèse, vois-tu Célestin, relève de l’exercice d’attention et c’est encore un surplus d’incarnation et pas du tout de désincarnation. Ma vigilance portera sur mes relations aux autres, mais aussi à tout ce qui m’entoure. Tenter de ne pas manquer de recevoir ce qui m’est offert dans mes rencontres, avec les humains, la nature, l’art… Ne rater aucun rendez-vous avec les multiples pirouettes du vivant.

Tu as raison, c’est déjà ce que j’essaie de vivre tout le temps, je vais seulement m’y fixer davantage.

ton frère Jean Pierre Brice Olivier
03 06

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