Bouch'Bée


Philippe Lefebvre

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SUITE…

 

Mon nom est Tsotsi
un film -sud-africain- de Gavin Hood

Un film que j'ai envie de recommander… même si. L'univers dans lequel on entre est une immense banlieue de Johannesburg, en Afrique du Sud. Un véritable bidonville, grouillant de monde. Les personnages clés : une bande de jeunes délinquants noirs, menés par un caïd de 19 ans —un acteur très convaincant dont le physique, assorti au film, hésite entre guerrier féroce et enfant démuni. Ils n'ont rien ni personne au monde qu'eux-mêmes. Pas d'école, pas d'encadrement, pas d'avenir. La violence seule pour s'en sortir, jusqu'au meurtre. Le chef de bande vole un jour une voiture à un couple de la bourgeoisie noire, en blessant grièvement la mère. Au bout d'un moment, il s'aperçoit que le véhicule contient le bébé du couple. Il décide alors de le prendre dans son taudis et de s'en occuper.

Commence alors une aventure assez bouleversante : le grand s'apprivoise au petit, le dur prend conscience qu'il faut changer le bambin, le nourrir, lui parler. Il ne dit rien à ses copains et doit trouver quelqu'un, hors de sa bande, pour l'aider. C'est tout un chemin d'humanisation que le film raconte, sur fond persistant de violence, de haine, d'abandon. Parmi les scènes choc, on voit le jeune caïd emmener le poupon sur les lieux de sa propre enfance : des tronçons de canalisation énormes en béton, posés les uns sur les autres ; dans chaque tronçon "habite" un orphelin.

L'émotion naît de la tension continuelle entre l'horreur du quotidien et l'émergence du héros : il se découvre capable d'aimer, de prendre soin d'un plus démuni que lui. Alors pourquoi avoir dit "même si" ? Parce que le film n'évite pas une certaine naïveté ni certains poncifs. Pour montrer que le caïd est un dur, on rajoute une couche de dureté, mais pour montrer qu'il s'ouvre à l'amour, on accélère un peu vite ses grands sentiments. Il manque sans doute au film une dimension objective, politique, qui équilibrerait ce que l'émotion s'arroge. Et pourtant, quand même, quelque chose de fort demeure : cette réalité qu'un être ouvert à la vie, même s'il n'a connu et commis que le pire, sera manifesté un jour pour quelqu'un dans sa glorieuse vérité.
Philippe Lefebvre 10 06

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