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La manipulation : un terme biblique
 
DANS "MANIPULER", IL Y A LE MOT "MAIN". Une manipulation est un travail précis, technique, qui requiert l'habileté manuelle. Un pharmacien par exemple ne doit pas avoir la main lourde quand il dose des produits, sinon, au lieu d'être des remèdes, ils deviennent des poisons. Quand on importe le terme dans les relations humaines, on souligne la dextérité de certains à doser leurs effets. Le manipulateur sait si bien manœuvrer qu'il demeure souvent caché. Qui pourrait admettre que le père de famille respectable, le collègue apprécié, le gendre en or, est en fait un homme qui veut mettre la main sur tous ceux qui l'entourent ? Avec beaucoup de doigté, il façonne l'image de celui qu'il veut paraître et l'impose à son entourage ; protégé par cette version officielle de lui-même, il peut dans l'ombre faire ses manigances.

Manipulateur est un terme moderne que la psychologie utilise depuis à peine quelques décennies. Pourtant, il est en consonance avec la parole biblique. D'un bout à l'autre de la Bible, il nous est proposé de discerner entre ceux qui font main basse sur tout et tous, et ceux qui s'abstiennent absolument d'agir ainsi. David est poursuivi par Saül, le roi messie d'Israël, qui le jalouse et veut le tuer. Un jour, Saül tombe par hasard au pouvoir de David ; les soldats de ce dernier l'exhortent à exterminer Saül : ce ne serait que justice. Mais David dit et répète : "Non, je ne porterai pas la main sur le messie du Seigneur" (1er Livre de Samuel, chapitres 24 et 26). David n'est pas dupe de Saül, il n'espère aucun changement de sa part. Il n'empêche qu'il ne prétend pas avoir la haute main sur son ennemi.

Dans chaque histoire biblique, on peut ainsi apprendre à détecter qui manipule et qui ne le fait pas ; bien plus, on discerne, parmi les victimes, qui trouve son compte dans la manipulation dont il est l'objet et qui en prend conscience pour y échapper. Un exemple. Laban est un être retors qui considère ses filles, Léa et Rachel, comme des marchandises dont il dispose, et son gendre, Jacob, comme un ouvrier gratuit (Livre de la Genèse, chapitres 29 à 32). Parmi ses filles, Léa s'arrange très bien de cette situation. Alors que Jacob doit épouser Rachel, Laban place Léa dans le lit de noces ; celle-ci ne dit rien et, devenant ainsi complice de son père, accapare le mari de sa sœur. Jacob n'épousera Rachel que sept ans plus tard. Léa a donc mis le grappin sur Jacob, elle prend carrément la place de sa sœur, mais, bien entendu, elle s'en défend ! Elle lâche un jour à Rachel : "Est-ce trop peu pour toi d'avoir pris mon mari ?" (Livre de la Genèse, chapitre 30, verset 15). Complet déni de la réalité. Léa manipule : elle donne une version officielle qui tente de masquer ses empiètements sur la vie de ses proches.

Le premier que l'on tente de manipuler, c'est Dieu lui-même. Le serpent persuade les humains de mettre la main sur le fameux fruit que Dieu protège par un interdit. Ses arguments pourraient même sembler probants : n'est-il pas le seul à dire qu'il n'y aura pas de mort, le seul à donner à Adam et Ève une responsabilité (Livre de la Genèse, chapitre 3, versets 1 à 5) ? Sympa, non ? On s'y laisserait prendre. Le manipulateur manie toujours la parole et les gestes de telle sorte qu'il n'y a plus que sa version des faits. Il envoûte ses interlocuteurs, les focalise sur un problème qui n'est peut-être pas tout le problème, il empêche toute autre intervention que la sienne. Pourquoi Adam et Ève n'ont-ils rien demandé à Dieu concernant le fruit ? Pourquoi l'intervention du serpent a-t-elle éclipsé complètement le dialogue avec le Créateur ? C'est que le serpent est le "père du mensonge" (Évangile selon saint Jean, chapitre 8, verset 44), c'est-à-dire un maître manipulateur.

Au fond, la manipulation vise à assurer la maîtrise sur les personnes pour les détruire. Une personne, avec son mystère, sa faculté d'échapper à toutes les emprises, est une menace permanente pour le manipulateur ; celui-ci a besoin que les êtres soient à sa disposition, qu'ils ne lui fassent pas faux bond. Dieu en tant que Personne est donc le premier visé, et avec Lui tous ceux qui entrent dans cette aventure de devenir une personne à l'image et à la ressemblance de leur Créateur. Le mouvement de la Bible est de montrer que rien ne détruit finalement une personne, que tout, au contraire, la fortifie. Le manipulateur, apparemment tout-puissant, ne détient pas en ses mains la vie des autres ni le sens de l'histoire : "Le chemin des méchants se perd" dit le psaume 1. Jésus a été livré aux mains des pécheurs ; quand il ressuscite, il montre avec insistance ses mains (Évangile selon saint Luc, chapitre 24, verset 39). Ce ne sont pas des mains qui enferment et embrouillent : elles sont percées. Elles portent la trace des violentes manipulations des hommes ; mais cela devient un témoignage de vie et de puissance. Après avoir montré ses mains aux disciples, "Jésus leva les mains et il les bénit. Or, comme il les bénissait, il se sépara d'eux, et il était emporté au ciel" (Évangile selon saint Luc, chapitre 24, versets 50 et 51).

Philippe Lefebvre 09 05

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