Mot à Mot
Jean Pierre Brice Olivier Courrier : Bienheureux… Mt 21, 28-32 Beaucoup d'appelés et peu d'élus Mt 22, 1-14
Dans la même série Bienheureux ceux qui… Mt 21, 28-32 jpbo Beaucoup d'appelés et peu d'élus Mt 22 1-14 jpbo | 23ème Dimanche du Temps Ordinaire Ouvre-toi ! On amène à Jésus un sourd-muet… Est-il jeune, est-il adulte ? Nous ne savons rien de lui, sinon qu’il est un sourd-muet. Il nous est présenté seulement par ses infirmités. Dans l’impossible d’entendre et de parler. Dans l’impuissance de communiquer. Dans cette solitude là. Voix sans issue. Il est malentendant et malentendu. (Situation qui n’est pas rare dans nos différents groupes humains.) Mené par ceux dont — sans doute — il dépend, il est au milieu d’autres, mais toujours isolé, même dans un attroupement. Jésus le sépare davantage, l’éloigne encore, l’écarte une fois pour toutes. À distance de ces « on » qui l’ont amené. Il le conduit à l’écart. Hors du bruit et du regard des autres, loin de ceux qui assurément pensent à sa place et décident pour lui. Jésus établit la distance, il fonde l’espace pour une rencontre véritable. À l’écart. C’est en présence, en tête à tête, en vis-à-vis, que deux personnes peuvent se recevoir. C’est dans l’intimité que le Christ peut toucher à l’intime. Jésus soupire, il souffle, il parle. Genèse. Ouvre-toi ! Le replié se déplie. Le lié se délie. L’enfermé s’ouvre à un autre. Au point d’en être altéré. À l’infini de l’altérité, atteint, modifié, renouvelé. Il y a communion de faiblesse ardente entre ce pauvre hère et Celui qui a échangé sa toute puissance contre la fragilité. Tous deux désarmés. Face à face. Tous deux en exil. Fraternité extrême entre la Parole de Dieu et l’homme sans parole. L’un comme l’autre, exposé à la foule, inécouté, incompris d’elle. Le Verbe fait son œuvre. L’incommunicable ici se partage. Sacrement au cours duquel l’Esprit déploie le corps, l’intelligence, le cœur de celui qui s’entrouvre. Sacrement de miséricorde, l’infirme blessé de l’infini est rejoint par Dieu. La terre est réunie au ciel. C’est bien la vengeance annoncée par le prophète Isaïe qui s’accomplit. La revanche, non par un quelconque châtiment, mais par le salut offert. Rétribution à la manière de Dieu, où la gloire submerge l’humiliation. L’aveugle a la vision, le muet a la parole, le boiteux danse. Le lieu torride, altéré, se change en source. La stérilité devient féconde. La honte est à jamais abolie.
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