L’aître, nous dit Littré, est, pour une église, « ce corps avancé qui précède le portail », ce vestibule par lequel il nous faut accéder afin d’entrer dans l’imposant édifice. Aussi, avant d’habiter la langue en laquelle nous pensons, nous faut-il en passer par ses aîtres, lesquels, s’ils ne sont eux-mêmes la demeure, nous y donne accès.
Une langue, en effet, ne se parle usuellement qu’en nous imposant son état construit, et le plus souvent intentionnel. Or tout l’enjeu de cet ouvrage, publié pour la première fois en 1975, consiste à méditer, en deçà de la logique de la signification établie, son état pré-construit, son moment d’ouverture par lequel elle surgit à l’état naissant, forte de cette lucidité puissancielle qui la rend inventive et proprement pensante.
Aussi, en méditant le rapport du verbe et du temps, l’instance du parfait dans la langue philosophique grecque ou encore la puissance comme l’impuissance du logos dans l’ensemble de ses acceptions, les trois études qui composent cet ouvrage ont-elles pour vocation de nous rendre attentifs à ce qui, nourrissant toute signification, n’en relève pas encore.
Renaud Escande 09 12
* Aux Éditions du Cerf, Œuvres philosophiques