Premier lecteur de cet essai consacré à son œuvre, F. Ponge répond à Maldiney en lui dédiant quelques moments majeurs de son travail sur (le thème de) la table. Outre cette approbation par l’exemple, il note dans son Envoi, l’émotion éprouvée à reconnaître la parenté de leurs tentatives – en
raison, comme il le dit, de leur caractère « pathématique ».
Cet adjectif, forgé à partir de la formule d’Eschyle, qualifie ce qui est appris par l’épreuve – au moment de réalité de toute rencontre singulière.
Mais précisément : que peut nous apprendre une telle épreuve ? Ou encore : quel est le legs des choses ? Ce sont là les questions premières et ultimes de ce travail qui, par-delà la confrontation explicite ici avec Hegel, là avec Heidegger, s’interroge sur le statut de la littérature – le « monde écrit » – aujourd’hui et s’enquiert du lieu d’être de l’ontologie au temps de la logologie régnante.
Pour y répondre, il n’était de meilleures compagnies que celle d’un homme sans cesse à l’écoute de la leçon d’un bois de pins ou de l’exclamation d’un pré et qui, amenant le regard à la parole, y recueille leur legs, et, l’exposant dans l’acte du poème, montre par sa décision résolue de prendre le parti des choses et de faire rendre gorge aux mots, ce que parler peut
dire.
Renaud Escande 09 12
* Aux Éditions du Cerf, Œuvres philosophiques