Odette Toulemonde
de Eric-Emmanuel Schmitt, 2007
avec Catherine Frot et Albert Dupontel
Un film drôle, émouvant, touchant, bien plus sérieux qu’on pourrait le croire. Odette Toulemonde, incarnée par Catherine Frot, est une femme courageuse, vivante, vraiment une femme : une donneuse, pas une quémandeuse.
L’homme, c’est Balthazar Balsan, joué par Albert Dupontel : un romancier sensible dont la célébrité soudain se brise contre la dentition carnassière d’un critique en vogue. Mais Odette est là, avec son admiration, sa reconnaissance, sa volonté de vivre et de faire vivre. Elle sait voir un homme et elle sait le lui dire.
Si Odette sait si bien voir un homme, c'est aussi qu'elle connait Jésus. Elle le rencontre parfois au détour d’une rue ou dans un terrain vague, une sorte de hippie baba-cool à qui elle demande : « Ça va, Jésus ? — Oui, ça va bien ». Jésus balaye la rue, il lave les pieds de quelques clampins assis sur le haut d’un mur ; plus tard il porte une poutre sur les épaules ; à la fin, il est étendu par terre : « Ça va, Jésus ? — pas fort ». Odette elle aussi tombe par terre, son héroïsme a dépassé la mesure de ses propres forces.
L’histoire finit bien ; le dénouement est intelligent, fin, délicat. Une belle histoire de rencontre entre un homme et une femme, vraiment. Il y a bien dans le film quelques généralités sur « les hommes » avec lesquelles nous ne serions pas exactement d’accord si, mis dans la bouche d’Odette, ces propos ne gardaient leur caractère de promotion des hommes qui en annule la banalité. Notons pourtant qu'Odette parlant des "hommes" désigne son mari — qu’elle aime toujours : « il est resté tellement jeune, toujours pareil… il faut dire qu’il est mort depuis vingt ans » ! — , ou Balthazar Balsan, qu’elle a su voir ; et pas le chef de rayon du grand magasin où elle travaille qui, lui, est juste un chef de rayon qui fait n'importe quoi.
Viviane de Montalembert 02 07