à Propos


Viviane de Montalembert


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SUITE… 

 

 

 
L'encyclique "Spe salvi", "Sauvés par l’Espérance"
du pape Benoît XVI
 
 
LES ENCYCLIQUES SONT DES "LETTRES CIRCULAIRES"1 adressées par les papes aux évêques du monde entier, au clergé et, depuis le pape Jean XXIII, à tous le fidèles. Elles n’ont pas pour but d’édicter de nouveaux dogmes, mais elles sont destinées à exposer la position officielle de l’Église romaine sur un thème particulier. Une encyclique est un texte de référence qui, sauf avis contraire, n'engage pas l’infaillibilité pontificale2. Chacun est donc libre de la lire en conscience afin d’en tirer, pour sa foi, le meilleur profit possible3.

Je ne vais pas ici faire une analyse détaillée de ce texte que beaucoup ont déjà commenté mieux que je ne saurais le faire. Je me contenterai d’attirer l’attention du lecteur sur deux affirmations doctrinales qui, dans un document largement diffusé, semblent assez nouvelles pour qu’on doive les souligner : l’une porte sur le rachat et l’autre sur l’enfer.

La notion de rachat

Rapprochant l’Espérance de la Foi, l’auteur démontre tout d’abord comment, pour les premiers chrétiens, la foi était reçue comme le "don d’une espérance crédible" (§2), l’occasion d’un rachat immédiatement accessible. Il le fait à partir de l’histoire de Joséphine Bakhita, une jeune africaine canonisée par Jean-Paul II.

Née au Darfour, la petite Joséphine est enlevée par des trafiquants d'esclaves. Plusieurs fois revendue, elle est continûment maltraitée par ses maîtres. Finalement elle échoue chez un consul italien qui la ramène en Italie. Là elle trouve la foi chrétienne et rencontre le Christ. Alors elle se sait aimée, attendue par un tout autre Maître : "ce Maître avait lui-même personnellement dû affronter le destin d'être battu et maintenant il l'attendait "à la droite de Dieu le Père”" (§3). N’ayant connu jusque là que des maîtres abusifs et violents, "par la connaissance de cette espérance, [Joséphine] était “rachetée”, elle ne se sentait plus une esclave" (§3). Sa vie est transformée. Plus tard, elle se fera baptiser et deviendra religieuse.

On voit que la notion de "rachat" est abordée ici sans aucun lien avec la doctrine du péché originel et de culpabilité qui accompagnent généralement l’annonce de la Rédemption. Ce n’est pas de son propre péché, en effet, que Joséphine est arrachée, mais de celui de ses anciens maîtres, ceux qui ont longtemps exercé sur elle un pouvoir plus qu'abusif. La démonstration, qui se rapproche ici beaucoup de la prière des psaumes, est assez rare pour qu’on doive la remarquer.

Le jugement et l’enfer

En fin de parcours, le pape évoquede façon assez classique la perspective du Jugement dernier, comme un "critère permettant d'ordonner la vie présente, comme appel à leur conscience et, en même temps, comme espérance dans la justice de Dieu". Suit un beau développement sur le feu qui est le Christ lui-même, qui brûle en même temps qu’il sauve, et qui est pour chaque homme un jugement. Dans la même logique, l’enfer est ce même feu auquel sont livrés ceux "en qui tout est devenu mensonge ; des personnes qui ont vécu pour la haine et qui en elles-mêmes ont piétiné l'amour. [… ] Dans de semblables individus, il n'y aurait plus rien de remédiable et la destruction du bien serait irrévocable : c'est cela qu'on indique par le mot “enfer" "(§45 - c’est moi qui souligne). Il n’est donc plus ici question d’un feu éternellement entretenu, mais d’un feu qui consumera de façon irrévocable tout ce qui n’est pas le Christ - ce qui rend l'énoncé de ce dogme singulièrement plus compréhensible4.

Que dire de plus de cette encyclique dont le ton se veut résolument pédagogique, sinon qu’il y manque la dimension trinitaire indissociable de la foi chrétienne, ce que l’on ne saurait assez regretter.
Viviane de Montalembert 12 07

1. du latin litteræ encyclicæ, du grec ancien ἐκκύκλιος / ekkuklios d'après κύκλος / kuklos, le cercle). Cf. le site http://fr.wikipedia.org/

2. L’Église utilise alors une formule telle que : « Nous déclarons, décrétons et définissons...»), ou déclare anathème quiconque désapprouverait délibérément cet enseignement. Rappelons que l’infaillibilité pontificale a été définie solennellement en 1870 lors du Ier concile du Vatican et confirmée par le concile Vatican II dans la constitution dogmatique Lumen gentium (21 novembre 1964). Elle n’a été que très rarement utilisée.

3. Texte disponible sur le site du Vatican.

4. La note 37 qui renvoie aux § 1033-1034 du Catéchisme de l’Église Catholique apparaît ici comme un prudent subterfuge destiné à faire croire à une vérité déjà énoncée, alors que le Catéchisme parle de l’enfer en de tout autres termes (dans sa version française en tous cas) : « l’existence de l’enfer et de son éternité », ce qui accrédite l'idée d'un feu indéfiniment entretenu, pour le plus grand malheur des damnés. Il définit l'enfer en termes de séparation éternelle d'avec Dieu et non de destruction irrévocable.

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