À Propos

Jean Pierre Brice Olivier

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FHendrick ter Brugghen, le dîner d’Emmaüs, 1621, 109x141, Postdam

 

Le vrai semblant

Luc 24, 13-35. Apparition aux disciples d'Emmaüs

Deux disciples font route. Ils s’éloignent des événements tristes et bouleversants qu’ils ont vécus ces derniers jours à Jérusalem. Ils poursuivent leur chemin. Pèlerins, ils avancent, continuent d’aller leur vie, de pérégriner dans leur histoire. Jésus s’approche, vient à eux, se fait prochain pour cheminer avec eux. Celui qu’ils ont perdu, l’autre improbable les rejoint. L’attendu se présente quand on ne l’attend plus, l’espéré apparaît quand on ne l’espère plus. Présence réelle, surprise au milieu de nos débats et de nos combats. Quelqu’un là fait brûler notre cœur. Miracle de la relation authentique avec cet autre qui me fait avancer en sa compagnie.
Autre là qui conforte et réconforte. Parole qui me donne à entendre, à comprendre, à repartir.

Jésus fit semblant d'aller plus loin… Il n’y a pas ici faux-semblant, mais au contraire vrai semblant. Jésus ne joue pas ! Le texte nous témoigne une vérité profonde. Jésus simule de dépasser pour ne pas dissimuler qu’il poursuit sa course. Christ, chemin ouvert. Dieu ne s’arrête pas, il désire toujours au delà. Vrai semblant, c’est le voile avant le dévoilement, le flou qui annonce la clarté, le flottement avant-coureur de l’évidence. Délicatesse qui précède la révélation. Christ ne s’impose jamais, il respecte absolument la décision de l’autre, dans l’attente passionnée de son invitation. Prêt, si l’homme ne le requiert pas, à disparaître dans la nuit. Jésus dans la réserve infaillible de lui même pour la liberté souveraine de l’homme. Scrupule pudique pour l’espace de l’autre, ne jamais enfreindre le lieu d’autrui. Dieu errant, pas reconnu, préparé au refus. Il ne met pas la main sur l’homme.
Libre nous, à l’image de Dieu !

Les deux voyageurs s’efforcent de retenir leur hôte pour encore brûler, aussi parce que la nuit tombe. C’est l’heure des solitudes qui craignent l’abandon. Moment du repos et du repas, communion qui sacre la conversation. Jésus, compagnon du partage du pain, convive reconnu dans le don de sa propre chair. Jésus qui ne peut être découvert que dans le point culminant de son incarnation : l’aumône de lui-même entier, corps et sang.

Le vrai semblant se donne. La manifestation se dévoile. L’épiphanie se découvre en même temps qu’elle se dérobe. Les yeux des hommes s’ouvrent pour ne plus voir qu’eux mêmes, l’un en face de l’autre. Ils comprennent alors que désormais le signe, le sacrement, c’est le frère. Cette communion les remet en route, ils repartent, confirmés maintenant dans leur vie. Ils traversent l’obscurité, courent affermir leur communauté.

C’est le mystère de nos eucharisties. Mais souvent, les yeux, au lieu de s’ouvrir, s’aveuglent dans une habitude trop quotidienne et banale. Dieu vulnérable, en quête des hommes, nous pouvons l’inviter, mais pas le garder ni le conserver. Il ne laisse pas poser la main sur lui. Dieu échappe, hors de toute chape, dans l’échappée. Libre Dieu, à l’image de son image !

JeanPierreBrice Olivier 05 14

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