Bouch'Bée


Philippe Lefebvre

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SUITE…

Je suis une légende (I am legend)
de Francis Lawrence, 2007

CE FILM EST L'ADAPTION D'UN ROMAN de Richard Matheson, grand auteur de science-fiction américain des années 1950 (la plupart de ses œuvres sont traduites en français en folio SF). À la suite d'une vaccination dont les conséquences étaient imprévisibles, presque toute l'humanité a péri. À New York en tout cas, il ne reste qu'un homme (interprété par l’excellent Will Smith) et son chien. Les scènes de la grande ville complètement abandonnée, silencieuse, livrée aux herbes folles et aux bêtes sauvages, sont extrêmement impressionnantes –ça vaut le coup d’oeil. Mais il y a aussi, on le comprend peu à peu, des humains qui sont devenus des bêtes fauves et sortent affamés à la nuit tombée. Ils apparaissent progressivement et on ne sait ce qui fait le plus peur : les voir ou ne pas les voir. Ce film s'apparente alors aux films de zombies, ces morts-vivants qui terrifient et submergent. Il peut être reçu aussi comme une parabole du monde moderne : les cités en proie à la violence ou encore les populations soumises à la faim qui menacent quelques pôles "civilisés". Car, on l’apprend aussi, peut-être reste-t-il quelques survivants, demeurés humains, au moins aux Etats-Unis…

Le film entretient constamment une référence biblique et chrétienne. Un homme seul dans un monde où « la nature reprend ses droits », une femme qui le rejoindra à un certain moment, envoyée par Dieu selon ses dires : les débuts de la Genèse ne sont pas loin ; les flash-backs montrant l’extension de l’épidémie et le commencement de la fin font, eux, penser au Jugement dernier et à l’Apocalypse ; et puis il y a toute une méditation sur l’espérance, sur le don de soi. Mais la référence à Dieu serait à interroger. La jeune femme qui rejoint notre Adam solitaire dit qu’elle est mandatée par le Seigneur, sans pouvoir donner davantage d’explications . Or dans la perte absolue de toute valeur, voire de toute parole, que le film évoque, la seule chose probante concernant le Dieu des Chrétiens serait justement de le présenter comme source d'intelligibilité. Qu’est-ce que Dieu dit de la situation ? Comment parle-t-il ? La femme inspirée suit ses intuitions et trouve finalement une colonie de survivants d’où la vie repartira. La dernière image du film m’a rendu un peu perplexe : cette ville de rescapés apparaît, embastionnée dans ses murailles, avec son église blanche au milieu. Est-ce une manière de proposer l'Église comme un refuge au milieu d'un monde honni ? Est-ce une métaphore des Etats-Unis au temps de la guerre froide (le roman de Matheson date de 1954) qui serait restée valable pour aujourd’hui ?

Je conseille ce film à ceux qui aiment le suspens, les prises de vue inhabituelles sur une grande ville, les histoires de monstres tapis dans l’ombre. Mais cela mérite discussion, après, une fois qu’on s’est un peu remis de ses émotions.

Philippe Lefebvre 01 08

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