À Propos

Jean Pierre Brice Olivier

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Du sein pur à l'étable

Le verbe s’est fait chair, il habite parmi nous.

Nous sommes familiers de la crèche, devenue un lieu charmant et bucolique que nous aimons représenter à chaque Noël dans notre environnement quotidien. La crèche qui fait débat dans nos cités n’est pas celle de Jésus. Nous en oublions sa réalité au profit d’une gracieuse image, aimable et enfantine.

Quand le Verbe de Dieu se fait homme, il ne choisit pas l’endroit de sa naissance. Il ne sélectionne pas un palais ou une clinique privée. Il ne trie pas sur le volet les gens qui vont l’entourer : prophètes zélés, prêtres fidèles, vestales empressées, ou princesses élégantes et empesées.

Dieu naît dans une étable parce qu’il n’y a pas de place ailleurs. Il est déposé­ — faute de mieux — dans une mangeoire pour animaux.

La compagnie de Jésus, la société de Dieu, à cet événement inouï de l’Incarnation, est composée d’une singulière famille : une mère vierge et un père adoptif ; entourée — mais éventuellement est-ce là une métaphore de l’humanité ? — par quelques bêtes domestiques : ânes, bœufs et moutons.

Sans doute n’êtes-vous pas habitués des étables, en tout cas, ce qui frappe à l’approche et à l’intérieur de celles-ci, c’est l’odeur, même si la litière est fraîche. Dans notre vision ravissante de la crèche où de placides et affables animaux réchauffent le corps de Dieu, n’oublions pas qu’ils restent du bétail et sentent la bouse.

Oui, c’est bien là le lieu de la mise au monde du fils de Dieu !

Jésus ne dédaigne pas à sa naissance chez nous, en quittant le sein très pur de la Vierge, de se retrouver dans la plus concrète réalité du lisier de la terre.

Tout au long de sa vie terrestre — qu’il inaugure ainsi — le Christ ne répugnera jamais à fréquenter les fumiers du monde quels qu’ils soient, à frayer avec tous ceux qui sentent mauvais — aux yeux des castes bien-pensantes, toilettées et parfumées.

Qu’ils soient homme ou femme, juif ou romain, pharisien ou samaritaine, prostituée ou larron, lépreux ou cananéenne… Nul, jamais n’est exclu, aucune situation jamais ne retient le salut qu’il apporte. Jusqu’à Lazare, cadavre en décomposition, déjà.

Seuls les cœurs fermés le rejettent, les autres bénéficient de la miséricorde.

À Jérusalem, dans le temple, Jésus retrouvera ces animaux, ânes bâtés, bœufs engraissés et moutons de Panurge, et là, il se fâchera et les délogera. Le zèle de la Maison de Dieu fait son tourment.

Quand il s’agit de lui-même et de sa propre naissance, Jésus ne craint rien, il n’est dégouté par rien, mais quand il s’agit de la Maison du Père, c’est une autre affaire. Il ne veut pas qu’elle pue le trafic et les petits arrangements, les magouilles de pouvoir et les tripotages d’argent, les combines et grenouillages de bénitier… Et il fait le ménage.

Jésus ne répugne à rien dans nos réalités brutes, butées, basses et barbares, mais il veut offrir aux hommes une demeure éternelle « qui fleure bon » et soit exempte de toute corruption pour la célébration des Noces entre l’humanité et Lui.

Au moment le plus tragique de sa vie, une femme et un homme voudront éloigner le Christ de la puanteur du monde en le couvrant de parfum. Avant sa Passion, Jésus accueillera l’hommage de celle qui répandra sur lui une livre d’un nard pur d’un très grand prix1. Avant l’ensevelissement, Nicodème consacrera cent livres de myrrhe et d'aloès2, pour oindre son corps et embaumer la baume du tombeau.

Nous trouvons ici l’émanation de l’amour et de la dévotion d’amis fidèles, qui peut-être nous habitent.

Jésus, maintenant, dans notre mangeoire sur l’autel, s’offre à nous. Quel que soit le jugement personnel que tu portes sur les effluves de ton cœur ou l’appréciation qu’en ont les autres, il veut demeurer chez toi, en toi. C’est lui qui veut entrer en communion avec toi, ne lui résiste pas.

Jean Pierre Brice Olivier 12 14

1. Matthieu 26, 7 ; Marc 14, 3 ; Luc 7, 37 ; Jean 12, 3

2. Jean 19, 39

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