à Propos


Jean Pierre Brice Olivier

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L’Ascension


EN TANZANIE, DES TRACES DE PIEDS HUMAINS admirablement conservées sous la cendre volcanique ont été retrouvées. Ces empreintes ont trente six mille siècles, environ ! Elles indiquent que nos très lointains ancêtres marchaient sur deux pieds. Déjà ils se tenaient debout et regardaient le ciel, leurs mains étaient libres pour la douceur et la violence, la prière et la création…

Il y a trente ans des hommes ont foulé le sol lunaire, y ont imprimé la trace de leurs pas et interrogé l’espace. Entre ces deux événements, les disciples de Jésus ont vu leur maître disparaître au ciel.

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Tant que le pied est dans le sable, on n’en voit pas la marque. Et quand le pied est parti, il est difficile d’en garder l’empreinte. C’est un creux.

De même que la trace n’apparaît que dans l’absence de l’objet qui l’a inscrite, de même il était nécessaire que Jésus — l’empreinte véritable de Dieu dans l’humain — disparaisse pour que ses empreintes deviennent lisibles. Les disciples le suivent du regard pour ne rien perdre et pouvoir affirmer : « ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nos mains ont touché, nous en rendons témoignage » (1 Jean 1, 1).

Depuis trois millions et demi d’années — au moins — les mêmes questions subsistent : Où allons-nous ? Qui cherchons-nous ? Qui prions-nous ? Où est Dieu ? Qui est-il ? La quête et le cri de l’homme demeurent, son inquiétude pour approcher Dieu, le voir, le toucher.

Alors il le place dans des temples ou des maisons ou des boîtes, pour se rassurer, le contrôler, être tranquille.

Mais Dieu est toujours ailleurs, dans un buisson, dans un désert, dans le souffle ténu d’une brise légère, au bord d’un puits… Là où nous ne le cherchons pas, là où peut-être nous ne voudrions pas le trouver, dans notre chair, dans le plus faible de notre chair. Dieu devient chair de l’homme, notre chair en lui devient Dieu. “ Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui ” (Jean 6, 56).

Que Dieu s’incarne, après deux mille ans, nous avons fini par l’accepter. Cela le concerne, surtout lui ! Mais que notre chair devenue sa chair, que notre faiblesse devenue sa faiblesse soit élevée dans la gloire en pleine lumière, trônant à la droite du Père, c’est trop ! Et nous ne l’avons pas encore admis. Cela nous concerne trop. Celui que nous traitons souvent en ennemi, notre corps, est destiné à la gloire. L’incarnation de Dieu ne suffisait pas. Il fallait la défiguration, il fallait la résurrection. Plus encore, il fallait l’Ascension de Jésus pour confirmer cette dignité extraordinaire de notre chair qui peut dorénavant s’asseoir à la droite de Dieu !

La Révélation de Dieu dans la chair de l’homme ne concerne plus seulement le petit groupe de ceux qui l’ont connu et fréquenté dans un lieu déterminé il y a deux mille ans, mais elle devient universelle.

À l’Ascension, ceux qui ont approché Jésus, qui l’ont touché, connu, rejoignent tous les hommes de tous les temps.

Il n’y a plus à regarder le ciel, l’infini est en nous, le creux est en nous, l’empreinte, c’est nous*.

Jean Pierre Brice Olivier 05 08

* Dans l’hymne du bréviaire dominicain de la fête de l’Ascension, le cinquième couplet dit : “ Et notre chair de péché, rachetée en ta chair, règne avec Dieu, devenue chair de Dieu. ” (Culpat caro, purgat caro, regnat Deus, Dei caro).

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