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Jalons Pentecôte, ou la victoire sur la peur
La peur, Jésus le premier l’a vécue, à Gethsémani. Jusqu’à suer le sang : "Père, éloigne de moi cette coupe…2" Trois fois lui aussi. La "coupe", c’est toute cette horreur qu’il sait déjà et qu’il va devoir traverser : la foule, les hurlements, la haine, la mise à mort. Il se l’imagine et il en tremble, à l’avance. "L’esprit est prompt mais la chair est faible3". Comment sortir de ce piège de la peur qui vous saisit tout entier et vous paralyse ? Jésus montre le chemin. Il n’argumente pas avec sa peur, ni avec personne, mais il se tourne vers le Père : "Pas ma volonté, la tienne !" C’est le remède : pas sa volonté d’homme, fait de chair comme nous et qui voudrait contrôler la situation pour ne pas s’y sentir écrasé, mais la volonté du Père qui tient toute vie dans sa main et ne laissera pas son enfant sombrer dans le malheur. Jésus peut alors s’avancer vers Judas qui l’a trahi et l’appeler : "Mon ami…4", et se laisser même embrasser par lui. Sa chair soumise à l’épreuve, certes pourra trembler encore. Mais, débarrassée du pouvoir de l’imagination qui l’alimente et la justifie, la peur ne fait plus peur. Car l’homme alors n’a plus à porter sa vie, c’est un autre qui la porte. "Quand on vous livrera, ne vous inquiétez ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à l'heure même ; car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous5", lit-on dans les évangiles. La grande affaire pour nous autres les êtres humains, aujourd’hui comme hier, c’est la peur. La peur de dire ; la peur d’affronter, un patron, un conjoint, un ami ; la peur de la trahison et la peur de l’échec ; ou la peur simplement d’être là à ne pas savoir comment se comporter, ni comment aborder telle ou telle situation jusque-là inconnue. La peur anticipe le danger et travaille en amont de l’événement pour alerter et donner à l’homme de choisir, soit de justifier sa peur et par là même de s’y soumettre, soit de l’épuiser dans la supplication6, jusqu'à voir cette peur finalement se dissoudre dans la confiance – la confiance qui, rappelons-le, est un don de l’Esprit. La liberté, qui trouve sa définition dans cette victoire sur la peur, est chaque fois comme une sorte de miracle qui s’accomplit quand tombent nos raisons d’avoir peur, quand l’Esprit du Père – que l’on appelle aussi le Défenseur et le Consolateur – vient aux commandes de l’esprit de l’homme pour le défendre et le consoler, et pour y prendre toute sa place. "Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur7", écrit Paul. Les apôtres – et Pierre même – sortent au devant des foules pour annoncer la bonne nouvelle du salut, et leur propre délivrance. Sonne alors pour eux le début d’une ère nouvelle. Viviane de Montalembert 06 19 1. Matthieu 26, 69 |