À Propos

Viviane de Montalembert

Précédemment :

  Le Christ Roi

  De la soumission
    des femmes dans
    l'Épitre de Paul
    aux Éphésiens

 "Dessiner encore",
      Coco

  ♦ De l'impuissance
    au principe de la
    décision morale



Jalons  


La pénitence… comme une fête !

Le voici, le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut. [2 Co 6, 2]. Maintenant !, dit le Seigneur, revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les pleurs et les lamentations. Déchirez vos cœurs ! [Jl 2, 12].

Maintenant ! Déchirez vos cœurs, faites pénitence !

On a beaucoup dit du christianisme qu'il était une religion chagrine, qui n'aurait pour objet que de maintenir ses fidèles sous le joug d'une culpabilité congénitale indépassable. Aussi le grand travail des prêcheurs de bonheur, depuis plus d'un demi-siècle, a-t-il été de "déculpabiliser" la terre entière pour lui permettre d'accéder à une liberté que la religion, semble-t-il, ne lui reconnaissait pas.

Le résultat en a été cette "posture victimaire" si bien portée aujourd'hui, qui se résume en ces quelques mots : "C'est pas moi, c'est l'autre !" Poutine attaque l'Ukraine : "C'est pas moi, c'est l'OTAN !" Un homme viole sa femme : "C'est pas moi, c'est elle !" Et ceci se décline à l'infini dans les actes les plus anodins de la vie quotidienne, la moindre contrariété, la plus petite mise en cause.

Aussi la population se divise-t-elle aujourd'hui en deux sortes d'individus : le petit nombre de ceux toujours prêts à dire "C'est moi, c'est ma faute !" et désireux autant que possible de réparer ; et la grande masse des autres qui n'ont jamais tort et font retomber sur autrui le poids de leurs actes.

C'est la vieille histoire de l'adam pécheur contée dans la Bible en ouverture :
L'homme et la femme ont fait main basse sur le fruit dont Dieu avait dit de ne pas manger. Ils se cachent. Et lorsqu'enfin devant Dieu qui les interpelle ils prennent la parole, c'est immédiatement pour rejeter sur autrui la faute : "C'est pas moi, c'est la femme que tu as mise près de moi", dit l'homme – "C'est pas moi, c'est le serpent qui m'a trompée", dit la femme." [Gn 3, 12-13]

Jamais responsables, jamais coupables. Ceux qui n'assument pas le poids de leurs actes, dans le même mouvement se refusent à être partie prenante de la grande geste du monde au quotidien. Pas vu - pas pris. Ils se retirent de la terre des vivants et s'en vont errants au royaume des ombres. Aussi les qualifie-t-on parfois d'"infantiles", car ils font preuve en la circonstance d'une immaturité qui n'a d'autre cause que leur refus d'existence propre.

Le Carême, chaque année, est ce grand moment de vérité que nous offre l'Église – une thérapie, dirions-nous – où chacun est invité à revenir à Dieu comme à soi-même, convié à se ressaisir de sa vie pour en juger. Car il n'est pas d'innocence sans une possible culpabilité, et chacun se grandit de confesser sa faute. Ajoutons que se dire parfois coupable, c'est pouvoir à d'autres moments affirmer qu'on ne l'est pas.

"Confesser", c'est " déclarer" ; l'aveu s'apparente à la déclaration. Aux martyrs, on a eu coutume de donner le titre de "Confesseurs de la foi" et, de celui ou celle qui passe à l'aveu on dit qu'il "se confesse". Car, plus encore qu'avouer sa faute, se confessant il fait acte de souveraineté. Il atteste de son existence propre et reprend pied sur la terre des vivants. Il advient. Dans l'ordinaire de la vie, l'aveu est un sacramental. Au-delà de la honte et du chagrin qui renvoient à la pénitence, l'aveu déchire le ciel et vous revêt d'une liberté que nul ne pourra désormais vous contester.

Viviane de Montalembert 03/22

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